"Carnet de voyage" plutôt dans le temps que dans l'espace, des vues de mon patelin aux portes de Montpellier, faites en surimpression de cartes postales anciennes. Posté avec les encouragements de Maël B, dont j'ai fait la connaissance cette semaine.
Les images sont de petite taille, +/- 500 pixels de large, les fichiers .gif étant assez lourds.
Allons-y...
Jadis, pour "monter" à Lyon (voire à Paris pour les plus optimistes), faute d'avions ou d'autoroute A9, deux choix s'offraient aux Languedociens : le train, ou la Route Nationale 113, que l'on quittait après Nîmes pour rejoindre à Orange la fameuse Nationale 7.
Dans les deux cas, il fallait au sortir de Montpellier franchir son fleuve majestueux
: le Lez.(1) Le pont du chemin de fer :
(2) Le pont de la Nationale :
Jadis lieux de promenade ou de loisirs, les rives du fleuve sont peu entretenues, et en certains endroits jonchées de déchets divers
Le Lez marque ici la limite de Montpellier et de Castelnau-le-Lez, dont il est question dans ce sujet.
Au bas du village, la Nationale offrait dès la sortie de Montpellier un spectacle champêtre : classique alignement de platanes, ombragé mais meurtrier, avant lequel une halte s'imposait pour prendre de l'essence :
(3) et (4) les Etablissements E. Gounelle : carburants, huiles Renault et Mobiloil, chocolat Menier, alimentation et objets divers...
Ici vers 1930. A noter que les Ets Gounelle, maintenant disparus, existaient encore dans les années 1970.
Depuis des décennies, la Nationale (déclassée en 2005) est urbanisée sur plusieurs kilomètres. Quand la ligne 2 du tramway a commencé à circuler en son milieu en 2006, les platanes ont été abattus et remplacés par des tilleuls.
Pour aller au vieux village, il faut faire quelques centaines de mètres au nord, en montant le long de l'ancienne voie du tramway, qui circulait jusqu'à l'après-guerre.
(5)
Le bâtiment au tout premier plan à droite et une partie de celui de gauche ont été détruits.
La maison vigneronne à gauche abrite maintenant une pizzeria au feu de bois, le tabac-presse à droite est devenu un restau végétarien.
(6)
Le salon de coiffure a cédé la place à une enseigne de sushi... à droite, les drapeaux signalent les locaux de l'ancienne mairie, actuellement occupés (si l'on peut dire) par un musée de la Résistance.
(7) Nous voici arrivés au terminus du tramway, entre la mairie et l'église
Le tramway ne passe plus par là depuis 1949, remplacé par des bus, mais surtout par...
(8) des files quasi ininterrompues de voitures, qui ne facilitent pas le travail du photographe
[photo originale hélas tronquée par la mise en page du livre dont je l'ai tirée]
(9) De temps en temps, au bénéfice d'un feu passé au rouge, ni tram ni voitures...
La rue a été fort élargie par la démolition des maisons de droite, qui laissaient à peine la place au passage du tramway (images (5), (6) et (8) ci-dessus).
(10) Face au terminus, le café du même nom, tenu par M. Guillermet vers 1920 :
(11) La place était occupée par le puits communal, et ici (vers 1900) le café était tenu par M. Viala
On notera derière le puits le buste de l'abbé Fabre, présent de 1885 à 1905
(12) Ici, plus de buste mais toujours le puits entouré par les enfants du village - la mairie derrière faisait aussi office d'école commmunale
(13) A la fin des années 20, le café est tenu par M. Deynès. Le puits a été remplacé en 1925 par un monument aux morts de la Grande Guerre (1914-1918). Un buste de l'aviateur local Charles Amans, héros de guerre, a été installé en 1926 après son accident mortel.
Ces monuments resteront sur la place jusqu'en 1966 avant d'être déplacés au cimetière.
(14) Sur cette carte du début des années 60, le monument est toujours là, mais le "café terminus" est devenu le "bar de l'oasis" - maintenant le "grand café".
(15) En toile de fond des images précédentes, l'église du village (romane, XII° s.) : Castelnau, héritier d'une ancienne étape de la Voie Domitienne entre Rome et l'Espagne, est bien antérieur à la ville de Montpellier
.
On notera la modification de l'abside et le murage d'une fenêtre lors de la rénovation de 1992.
Voilà, j'espère que la promenade temporelle vous a plu
La grosse difficulté est de retrouver l'emplacement exact de la prise de vue : pour peu que le premier plan soit proche, un pas à gauche ou à droite change tout. Mais cela ne dépaysera pas les panoramistes
![:]](./images/smilies/d8.gif "Dan.San"){kind=small}
.On peut s'aider de parallaxes, mais ce n'est pas toujours possible. Les vues originales étant souvent faites à la chambre (avec décentrement), la visée bien horizontale s'impose, et plutôt au grand-angle pour anticiper un recadrage - en fait c'est exactement le principe du décentrement des chambres photo.
Bien sûr, la correction logicielle des verticales est possible, mais si on doit y ajouter une correction des horizontales voire des étirements, c'est toujours une épine de moins dans le pied.
Les cartes postales que j'ai utilisées sont en grande partie des scans de cartes originales, mon voisin étant collectionneur. Certaines ont été tirées du Net, et quelques-unes d'un livre "C'était Castelnau-le-Lez" édité par la mairie du lieu.
