Notre ami Estragon, au fil d’une autre post, m’a demandé un petit retour d’expérience sur la télécommande Promote Control que j’utilise maintenant depuis quelques semaines. Rappelons qu'elle se dédie principalement au HDR en étendant la plage du bracketting d'exposition jusqu'à 45 prises de vues possibles. Voici donc mes premières impressions...
La Promote, utile ou gadget ?
Cet accessoire étant onéreux (environ $350 avec les frais de port), je craignais de le voir disparaître dans le cimetière des mauvaises décisions d'achat, au fond de mon armoire. Mais cette inquiétude s’est dissipée rapidement. La télécommande a maintenant une place de choix dans mon sac photo. Je suis ravi non seulement de son utilisation, mais aussi, et surtout, du bénéfice qu’en retirent mes panos.
Comme probablement la plupart d’entre vous, j’étais limité dans mes explorations HDR par le soft de mon boîtier. Avec 3 expositions séparées par 2EV, j’ai eu longtemps l’impression que cela me suffisait à capturer les hautes et basses lumières. Des frustrations sont nées après un shooting dans une belle abbaye : les vitraux étaient systématiquement brûlés. J’avais envie de faire mieux. Et la Promote m'a démontré que c'était possible.
Mes premiers essais avec la Promote dépassent tout ce que j’avais pu espérer : avec 7 ou 9 expositions, on ne fait pas que récupérer les extrêmes dans la dynamique. La restauration des micro-contrastes apporte un sentiment de netteté presque magique. La capture plus fine de la lumière révèle les volumes et développe les plans de profondeur.
Un exemple en image pour mieux illustrer ce propos.
Pas très loin de mon bureau, il y a une belle église romane, dans la pure tradition de Cluny. Ses premières fondations datent d’il y a près de mille ans. C’est un lieu superbe pour l’œil : des clairs-obscurs, des vitraux colorés, des bois patinés, une pierre naturelle gris-jaune. Mais c’est un cauchemar photographique tant la dynamique est grande. Jusqu’alors, et ce n’est pas faute d’avoir essayé, je n’avais jamais réussi à restituer l’ambiance du lieu. Pour ce petit propos, je suis allé à nouveau photographier cette église vendredi après-midi.
Voici le résultat sphérique. J’espère que vous l’aimerez.
http://scenicview.ch/galeries-panoramas ... t-sulpice/
Deux ou trois zones pourraient encore être débouchées. Mais dans l’ensemble, je suis satisfait de l’ambiance, proche de mon ressenti. Je trouve que l’impression d’être dans un édifice de pierre naturelle est restituée. Il y a ici 9 expositions par vue, à 100 ISO, F8, avec un objectif canon 15 mm. Elles s’échelonnent de 1/13’’ à 20’’.
Bien sûr, on pourrait obtenir cette même séquence manuellement. Mais, dans la nuit ou dans des espaces faiblement éclairés, ce n’est pas toujours facile de manipuler son boîtier. La Promote apporte donc un confort appréciable lorsque l’on décide de shooter en multi-expositions.
Connexion de la Promote au boîtier
La télécommande se relie à un boîtier Canon ou Nikon avec un câble USB. On peut y adjoindre – et c’est mon cas – un deuxième câble qui accélère le déclenchement et, surtout, permet de photographier avec le miroir relevé.
Les connecteurs sont bien séparés et protégés par des petits panneaux amovibles en caoutchouc (le constructeur dit son produit insensible à l'eau et à la poussière). Il y a quatre bornes, dans l’ordre : entrée d’alimentation externe, port de télécommande externe, port du câble de déclenchement, port USB.
Aspect et fabrication
J’ai été surpris de la taille de la Promote. Je me l’imaginais plus petite. Elle mesure environ 12 cm de long, 6.5 cm de large et 3 cm de haut (un peu la taille d’un iPhone, hormis l’épaisseur, proche d’un livre de poche). C’est donc un objet qui n’a rien en commun avec une petite télécommande infrarouge ou filaire. Ce choix de design se révèle pratique dans l'obscurité : on la devine facilement et les larges touches, bien séparées, sont faciles à identifier et à manipuler.
Elle est fabriquée en matière plastique légèrement texturée. Sa prise en main est bonne. Les boutons, par contre, sont totalement lisses. Cette rupture de traitement, là aussi, prend son sens dans la nuit. Il est aisé, du bout des doigts, d’identifier où se situent les blocs de touches.
La télécommande est livrée avec une petite pochette de transport, laquelle, hélas, n’a pas été prévue pour accueillir deux câbles. Un seul peut y être logé. N’essayez pas de forcer, j’ai testé pour vous : la pression des deux câbles agit sur l’interrupteur… Ma Promote est donc restée allumée pendant plusieurs jours, avec l’effet que vous pouvez imaginer sur les deux piles AA.
Autre petit bémol : il n’y a pas de support pour jambe de trépied. Dommage. Il faut bricoler. Pour ma part, lorsque j’ai besoin de m’éloigner pour éviter que mon ombre ne soit dans le champ, je l’attache à la NN5 avec un simple élastique. M’enfin, pour un objet de ce prix et qui, visiblement, a fait l’objet de grandes réflexions, on peut parler d’omission…
Utilisation – Réglage de la séquence HDR
L’utilisation est très simple. Après une lecture du manuel, vous savez la manipuler. La Promote possède quatre modes : déclenchement simple, déclenchement manuel pour mode BULB, intervallomètre et télécommande HDR. Je ne me suis préoccupé que de cette dernière option. Il y a aussi une petite calculatrice d’hyperfocale et des réglages avancés.
Pour régler les paramètres d’une séquence HDR, on utilise des boutons placés sur une molette ronde, comme sur un iPod. L’affichage LCD, rétroéclairé en bleu, est d’une taille respectable. La police de caractères est bien lisible.
La première opération, en mode HDR, consiste à saisir le temps d’exposition d'une image de référence, qui servira de pivot à la séquence. On choisit en principe une exposition moyenne, telle que donnée par la cellule du boîtier. Ensuite, on entre l'intervalle d'exposition en EV (de 0.3 à 9 EV), le nombre de prises de vues (de 1 à 45). On peut optionnellement indiquer que le miroir de l’appareil sera relevé et combiner la séquence avec l’intervallomètre.
Petite vidéo pêchée sur YouTube pour ceux qui veulent mieux comprendre :
http://www.youtube.com/watch?v=6v4MOQbWMPk
La Promote, en fonction de ces réglages, calcule le nombre d'expositions qui seront prises avant et après l'image de référence ; elle indique quelles seront les bornes de la séquence, du temps d’exposition le plus court au plus long. C’est pratique, cela permet d’estimer globalement le temps nécessaire à la séquence, ou même, dans le cas des panoramas, à une session complète de prises de vues.
Utilisation – Lancement de la séquence HDR
La séquence est lancée après pression sur le bouton «Start». L’écran LCD s’éteint dès le lancement afin d’éviter toute génération de lumière parasite.
A l’écran, la Promote indique la progression de la séquence (numéro de la prise de vue courante). Dans le cas d’une pose longue, un décompte en secondes est aussi affiché. Un léger bip, désactivable, est émis à la fin de la séquence. Efficace et, à nouveau, pensé en fonction d’un contexte nocturne.
Seul défaut : une fois la séquence lancée, il n’est a priori pas possible de l’interrompre. Il est obligatoire d’aller jusqu’au bout ou d’éteindre l’appareil photo. Ou alors, je n’ai pas trouvé comment… UPDATE 11 JANVIER 2011 : je viens de tomber sur des notes de mise à jour… Le firmware 2.0, sorti fin novembre, solutionne ce problème : il faut appuyer sur le bouton de mise en service «Power» pour interrompre la séquence.
La Promote, en conclusion
C’est un accessoire qui tient toutes ses promesses. Robuste, simple d’usage, il fait très bien ce pour quoi il a été conçu. Je ne peux que le recommander.
Il y a évidemment des effets de bord, que je n’avais pas imaginés. Ils ne sont pas liés à la Promote, mais bien au choix d’une séquence HDR longue.
Dans le cas de l’église de Saint-Sulpice, il me fallait en théorie 20 minutes pour shooter mes dix vues (6 H, 1 Z, 3 N). C’est déjà long comparé à un «pano normal». J’y suis resté une heure… Parce que des visiteurs sont passés et ont fait bouger les chaises, parce que le pasteur est venu faire le ménage et ranger les prospectus, parce que l’éclairage, sur minuterie, n’arrêtait pas de s’interrompre. Bref, il a fallu composer avec la vie du lieu, s’armer de patience et de sourires, et se préparer à quelques retouches sérieuses dans Photoshop.
Côté workflow de post-production, pas de changement dramatique, si ce n’est du temps de calcul en plus pour démasteriser les photos et les fusionner.
Voilà pour ce premier retour d’expérience avec la Promote, en espérant que cela puisse aider certains d’entre vous (et répondre aux interrogations d'Estragon
).--
Sylvain
...
) qui pouvait faire un bracketing sur 9 vues mais c'était bien caché, il fallait le pré-programmer avec le logiciel sur pc (mais on était autonome sur le terrain ensuite).